Bon anniversaire.

C’était il y a un peu moins d’un an.

Amour,

A l’approche de ton anniversaire, je m’étais dis qu’à défaut de te faire un cadeau je t’écrirai quelques mots. Quelque chose de tendre et qui -je l’espérais- te boosterait un peu le morale par rapport à tout ce qu’il t’arrivait à ce moment là. Je me déçois souvent de par cette incapacité, voire cette inconscience, que je manifeste face à tes problèmes, tes combats et tout ce que la vie te fait endurer. Je me sens égoïste et coupable de ne pas les voir ou, pire, de laisser mes propres conflits prendre la priorité sur les tiens. Bien sûr, nos propres problèmes auront toujours plus d’importance que ceux d’autrui, et ce n’est pas comme si j’étais totalement hermétique aux épreuves que tu devais surmonter, mais je reste persuadé que j’aurai pu et j’aurai dû faire mieux vis à vis de toi. J’imagine que ma réaction n’est qu’une représentation de cette nature empathique que nous avons aussi bien moi que toi et qu’elle entre en conflit avec la mélancolie qui nous habite respectivement, de par nos vies riches de blessures et l’égoïsme qui se doit d’exister en compensation pour éviter l’auto-destruction.

A la base je m’étais dis que quelques mots d’amour suffiraient. Sans trop en faire. Mon amour pour toi est grand, mais je reste toujours gêné à l’idée de te mettre mal à l’aise quand il s’agit de le manifester de façon trop… « trop ». Me faire traiter d’imbécile ne m’a jamais autant fait plaisir que quand ça venait de toi, mais ça faisait curieusement trop longtemps que les insultes ironiques n’avaient plus leur place dans nos échanges. Quelques mots d’amour ne suffiraient peut être pas finalement. J’ai fini par me dire que je voulais, que je devais, faire plus que les mots. Je voulais que tu comprennes mon amour et tout ce qui allait avec. Que je t’aime. Que j’ai confiance en toi, en ce que tu es, dans ce que tu fais. Que j’étais là pour toi, pour te protéger, pour te soutenir, de près comme de loin. En remaniant un peu certains mots, en construisant de nouvelles phrases, j’ai voulu communiquer ces idées jusqu’à arriver à la conclusion que je voulais vivre quelque chose de plus concret avec toi.

« Ce serait cool qu’on arrive à habiter ensemble elle et moi » m’étais-je dis. Quelque part, ça m’apparaissait comme le message idéal. « Habiter ensemble, un jour, quand elle se sentira prête ». Je me sentais prêt, il ne me restait plus qu’à te faire passer le message sans rien brusquer. C’est comme ça que j’ai eu l’idée curieuse d’un faux bon-d’achat-sans-date-d’expiration octroyant la possibilité d’habiter avec moi. La chose me fait rire aujourd’hui, mais sur le moment, ça semblait impeccable. Le problème c’est qu’en parallèle, ça n’allait pas mieux de ton côté et plus le temps passait plus je sentais un écart se creuser entre nous deux, chacun respectivement dans nos situations déprimantes.

J’ai le sentiment de ne rien avoir vu venir. Ou de ne pas avoir osé interférer avec le cours des choses. Aussi loin que je m’en souvienne, tu n’as jamais voulu de mon aide sans que ça soit au prix d’un sentiment de culpabilité. Comme si aider quelqu’un était quelque chose qu’on ne pouvait faire que de façon limité au cours d’une vie, que c’était me prélever d’une ressource trop utile pour être « gâchée » sur tes problèmes ; Comme si cette ressource était aussi précieuse que les années qui passent et que tu ne les méritais pas, ne te jugeant jamais assez bien pour ça. Fatalement, je ne voulais pas compliquer plus encore les choses en te voyant accumuler la culpabilité, alors était-ce une bonne idée que de montrer de l’amour et de la confiance finalement ?

Non.

J’ai fini par comprendre qu’on était peut-être pas aussi prêts que je le croyais. Il y avait des sujets importants qu’on n’avait que trop peu évoqués et encore moins solutionnés… Et ce n’était même pas pour ça qu’on n’était pas prêts.

Non.

On n’était pas prêts car ces problèmes étouffés entre nous deux n’étaient que secondaires comparé à ceux de nos vies personnelles. Ça n’allait pas et c’était ça le plus important.

Maintenant c’est pas facile.

Oui, nous sommes des gens empathiques, peut être trop. Mais on ne peut se sacrifier jusqu’à s’oublier totalement. Nos vies sont précieuses, même si cette nature qui nous définit a tendance à nous faire croire qu’elles peuvent se contenter de générosité pour bien se porter. On ne peut s’oublier éternellement. C’est valable pour toi, c’est valable pour moi.

C’est triste mais, en fin de compte, nous séparer est peut-être le meilleur cadeau d’anniversaire que je puisse te faire. Si il y a bien quelque chose qui puisse garantir un minimum que tu t’accables moins de tous ces maux, c’est bien ça.

…Même si c’est triste. Même si c’est putain de triste.
Car aussi bien toi que moi, nous savons qu’on s’aime. Nous savons qu’on n’a jamais voulu se faire du mal, au contraire. Nous savons qu’on a peur de ne plus retrouver cette chance qui nous a permis d’être l’un avec l ‘autre. On a conscience de tout ça, mais « c’est pour le mieux » comme on dit souvent. Il faut que ça aille mieux. Peut être, si on a de la chance, un jour, on se retrouvera, après. Peut être qu’on sera à nouveau deux amoureux à se retrouver dans un bois, pour dormir ensemble jusqu’à ne plus savoir où on va, pour enfin passer des journées entières à faire aussi bien l’amour que manger des pancakes au Nutella devant Harry Potter. Peut être qu’on arrivera à se mettre ensemble sans être bouffés par nos névroses respectives. Peut être. J’espère. J’espère sincèrement.

Bon anniversaire à toi, bon anniversaire à moi. Cette séparation sera un peu notre cadeau du moment à tous les deux. On verra où ça nous mène. On saura se retrouver quand le temps sera venu j’en suis sûr. J’ai confiance en toi, j’ai confiance en nous. J’espère qu’il en est de même pour toi. D’ici là, sache que je t’aime, même dans les moments où ça se voit le moins.

Bon anniversaire.